La Psycho-Traumatologie
Comment s'en rendre compte?
La psychotraumatologie explique les effets de tous les types de violence (sexuelle, physique, verbale…) sur le psychisme des victimes même des années après les faits.
Vous avez l’impression d’avoir une souffrance à l’intérieur de vous sans savoir vraiment d’où elle vient ?
Vous culpabilisez d’être souvent triste ou de changer d’humeur fréquemment sans raison apparente ?
Vous avez souvent l’impression de vivre à côté de votre propre vie, comme si vous étiez spectateur ?
Vous mangez parfois à vous rendre malade ?
Vous vous soumettez à un stress récurrent en ne rangeant pas vos affaires ou en étant tout le temps en retard ?
Vous êtes abonnés aux histoires d’amour qui font souffrir ?
Vous êtes parfois en colère pour des choses qui peuvent paraître anodines ?
Vous avez oublié des pans entiers de votre vie ?
Vous n’arrivez pas à vous concentrer ?
Alors, posez vous ici, vous êtes au bon endroit.
Il existe une multitude de violences, en voici quelques exemples :
— Être l’objet de moqueries dans la cour de l’école
— Se sentir rabaissé par des critiques permanentes
— Avoir été battu, violé, abusé
— Ne pas avoir eu l’impression d’avoir été aimé, ou important dans le regard de quelqu’un, avoir été ignoré
Les lignes qui suivent sont générales. Chacun prendra ce qui lui parle. Pour simplifier la compréhension du point qui nous intéresse, le fonctionnement du psychisme et de certaines structures cérébrales sont parfois présentés de manière réductrice et schématique.
Nous allons nous intéresser à deux situations :
Situation 1 : Quand un événement est chargé émotionnellement mais pas traumatisant.
Situation 2 : Quand un événement est traumatisant.
SITUATION 2 : MEMOIRE TRAUMATIQUE
Lors d’un traumatisme, tout commence « normalement » comme dans la situation 1.
La réaction émotionnelle fait suite à la sécrétion d’adrénaline et de cortisol. Le cortex, alors informé que quelque chose d’anormal se passe, va solliciter l’hippocampe pour qu’il trouve les données disponibles en mémoire concernant ce type de situation et par ce biais lui donner un sens.
Mais la victime se retrouve face à un « non sens ».
En effet cela n’a pas de sens de se faire traiter comme un « moins que rien » par la personne qui nous a donné la vie, cela n’a pas de sens de recevoir un geste appartenant à la sexualité adulte quand on a 6 ans. Cela n’a pas de sens de se voir frôlant la mort, etc… L’hippocampe ne trouve pas d’information à fournir au cortex. Cette réponse que le cortex attend pour pouvoir stopper l’augmentation des taux de cortisol et d’adrénaline, ne vient pas. Mais si on laisse ces taux augmenter, l’organisme est en danger d’arrêt cardiaque ou de lésion neuronale, autrement dit en danger de mort. Face à ce risque vital, un mécanisme de défense se déclenche : la disjonction provoquée par la sécrétion d’endorphines et de substances antagonistes des récepteurs de la N-Méthyl –D-Aspartate.
Comme un circuit électrique survolté qui se court-circuite pour ne pas que tous les éléments soient grillés.
Cette disjonction permet d’atteindre l’anesthésie émotionnelle. C’est-à-dire que l’émotion est là mais le cortex n’est plus au courant. Comme si on était coupé d’une partie de soi-même parce que la souffrance est trop grande pour pouvoir être supportée consciemment. L’émotion est là quelque part mais nous n’y sommes plus connectés. Les victimes décrivent souvent un sentiment d’étrangeté, l’impression d’être en dehors de son corps, une sensation d’irréalité de l’événement ; ce qui les amène à douter du fait que cela se soit vraiment passé. L’émotion n’est pas digérée, car aucun sens n’y a été rattaché contrairement à la situation 1. Elle ne peut pas être rangée dans la « case passé ». Au lieu d’appartenir à la « mémoire autobiographique », cet événement et l’émotion qui lui est rattachée sont piégés dans la « mémoire traumatique » et vont hanter le psychisme de la personne.
Les Symptômes
1°) L'évitement.
La personne évite tout ce qui peut lui faire penser consciemment ou inconsciemment à la situation traumatisante : phobie, peur de sortir de chez soi, fuite du monde extérieur…
2°) La consommation de drogues :
— Soit des excitants (comme l’amphétamine, l’ecstasy, la cocaïne…) provoquant une importante sécrétion d’adrénaline dont l’organisme se protège par une disjonction.
— Soit des drogues qui se substituent et s’ajoutent aux endorphines endogènes, ce qui créent directement l’état dissociatif et donc l’anesthésie émotionnelle, l’impression d’être déconnecté de soi-même et de ne plus sentir.
— Le même effet est trouvé grâce à des techniques corporelles dites « dissociantes » : le balancement, la musique très forte, des mouvements saccadés…
3°) L’auto agression :
— Par la recherche inconsciente de mise en situation dans lesquelles on sait que l’on va souffrir. Par exemple pour les femmes qui retournent avec un homme violent : leur cerveau rationnel, leur neo-cortex sait que c’est irraisonnable mais c’est plus fort qu’elle, comme une drogue. C’est leur amygdale (centre émotionnel) qui va chercher cette situation pour se faire disjoncter et atteindre l’anesthésie émotionnelle, atteindre cet état du drogué après un shoot. Il n’est pas « heureux », il est juste soulagé pendant quelques instants.
Quelques notions sur le cerveau
Pour comprendre il faut avoir quelques notions rapides des structures cérébrales en jeu :
– Le néo cortex : le cerveau « rationnel ». Celui qui pense.
– L’hippocampe : le centre chargé de la mémoire, de l’apprentissage et du repérage spatio-temporel. C’est grâce à lui que l’on va savoir comment réagir face à une situation puisqu’il va nous aider en mettant à notre service tous nos souvenirs, tout ce que l’on a vécu jusqu’ici et qui nous permet de comprendre la situation à laquelle nous sommes confrontés. Grâce au repérage spatio temporel de l’hippocampe, il devient possible de distinguer ce qui est à l’intérieur de nous et ce qui est à l’extérieur ou ce qui appartient au passé, au présent ou au futur.
– L’amygdale est le cerveau émotionnel inconscient, le radar des dangers qui nous entourent.
– L’adrénaline et le cortisol sont des hormones du stress. Elles sont dangereuses pour l’organisme si elles atteignent des taux trop importants. A trop forte concentration, l’adrénaline peut provoquer un arrêt cardiaque. Un taux de cortisol trop important entraîne des lésions neuronales, comme une blessure au niveau du cerveau qui peut notamment altérer la mémoire, la capacité de concentration…
SITUATION 1 : MEMOIRE AUTOBIOGRAPHIQUE
Face à un danger, l’adrénaline et le cortisol sont sécrétés. Nous ressentons alors une émotion. Notre cortex, informé du danger par ces concentrations hormonales inhabituelles, analyse les informations que nos sens lui transmettent. Il demande à l’hippocampe (dont le rôle est de se souvenir de nos expériences passées) s’il connaît cette situation.
Quel sens a-t-elle ?
Quelle est la réaction adaptée ?
Quand le cortex aura reçu une réponse de l’hippocampe qui lui aura permis de comprendre la situation et de trouver une stratégie adaptée, il va commander l’arrêt de décharge d’hormones du stress et passer à l’action.
C’est grâce à cette compréhension de l’événement et de l’émotion qu’il a engendrée, que celle-ci peut être « digérée » par le psychisme.
L’événement et l’émotion qui lui est associée vont pouvoir être rangés dans la « case » passé et se transformer en souvenir. Ils appartiennent alors à la mémoire « autobiographique ».
Plus le temps va passer et moins l’émotion sera vive quand on repensera à ce souvenir.
La personne profitera alors pleinement de son présent sans être polluée par des événements du passé qui continueraient à la « hanter ».
memoires traumatiques suite.....
Tant que cette émotion ne sera pas digérée, elle se réveillera à chaque fois qu’un élément du présent lui rappellera la scène ou seulement certains aspects de la scène.
Ce peut être un détail, une date, une expression de visage, un geste, la vue d’un objet, une sensation, un comportement, un bruit etc…. Face à un regard, la personne peut ressentir une peur panique et ne rien comprendre à cette réaction qui semble irraisonnée et disproportionnée pour elle et son entourage. Mais cette réaction a toutes les raisons d’être car elle n’est pas en réaction au regard dans la situation présente, mais bien en réaction au regard dans la situation passée traumatisante car le cerveau émotionnel est resté bloqué au moment du traumatisme.
Donc même si le cortex, la raison, voit bien que la personne est en sécurité dans « l’ici et maintenant », le centre émotionnel vit encore au moment du trauma. Il est toujours en alerte, comme si la situation traumatique pouvait ressurgir à tout moment. Et comme il est coupé du néocortex, il ne reçoit pas l’information qui pourrait assurer que dans le présent la personne est en sécurité. Ces personnes sont comme bloquées dans le passé et elles n’arrivent pas à être dans le moment présent, malgré leur volonté de l’être.
Les victimes de violences, quelles qu’elles soient, décrivent souvent un état de fatigue et une impossibilité à se concentrer. Il est aisé de comprendre à la lumière de cette explication que si une partie de la personne est toujours dans la terreur de revivre le trauma, il est impossible pour l’autre partie de se relâcher et de se concentrer vraiment sur autre chose, par exemple un livre.
Une émotion piégée dans la mémoire traumatique ne diminue pas au fil du temps qui passe.
Les symptômes suites.....
Par la vision de scénarios insupportables pour la morale de la personne. Par exemple dans le cerveau de certaines mamans peuvent survenir des phrases obsédantes qui prédisent la mort de leur enfant ou des flashs de leur mort. Cela va avoir sur le cerveau un effet traumatisant (justement parce que la mort de leur enfant leur serait insupportable) qui va permettre la disjonction et l’accès à l’anesthésie émotionnelle. On peut imaginer la culpabilité qu’engendrent ces pensées terrifiantes pour ces mamans qui se perçoivent souvent comme des monstres en se demandant ce qui ne va pas chez elles pour être obsédées par des phrases parlant de la mort de leurs enfants. Alors que ce sont bien des mécanismes d’adaptation et de protection mis en place par leur cerveau pour survivre de la moins mauvaise manière aux traumatismes qu’elles ont vécus.
4°) L’hétéro agression :
Des études ont montré que les bébés sont empathiques à la base. Voir souffrir un autre être humain va nous faire souffrir. Donc pour se faire disjoncter et accéder à l’anesthésie émotionnelle, le cerveau émotionnel peut nous amener à agresser une autre personne.